الوصف
On prétend que la femme est affranchie !
La technologie en reptation, le développement débridé ; tout les domaines confondus, l’air du numérique, la mondialisation et tutti quanti, coalisent aujourd’hui pour faire d’elle le moteur de l’évolution, le souffle de l’émancipation, la fontaine de jouvence des civilisations. La femme s’est faite donc une place au soleil. Ailleurs, elle a peu à peu creusé son petit trou et apporte chaque jour une belle pierre à l’édifice en construction. Chez nous, en Algérie, on se targue d’avoir ménagé une place prépondérante à cette dernière. Ainsi, elle peut mettre le pied à l’étrier, sortir, faire des études, décrocher des diplômes et des peaux d’ânes et s’enorgueillir d’avoir réussi… C’est de l’esbroufe. En vérité, rien n’est acquis et beaucoup de choses restent à faire.
“Excusez ma façon de. Je m’appelle Hayet ; je représente la vie, oui, puisque mon prénom en est le synonyme. Toutefois, j’ai en horreur ce prénom, car, au lieu d’en être le reflet, de rire et de gambader, de respirer à pleins poumons et de grandir dans la félicité, mon sexe et ma condition avilissante, m’ont réduit en esclave. D’aussi longtemps que je me souvienne, mon existence n’était que déboires, traîtres coups, humiliation gratuite et ravalement. Aucune éclaircie. Pas d’entracte. Jamais un moment de répit. Que du ressentiment et des insultes. Chaque instant dans ma chiante vie est une foulée vers le trépas. J’avais galéré pendant mon enfance. Aujourd’hui, étant femme, je galère encore. Mon sort est scellé, puisque je suis fille, je suis femme. Et je sais que demain et après demain, je ne sortirai pas de l’auberge, je resterai éternellement en dessous de lui, d’eux. La misogynie des miens m’avait assassinée, l’obséquiosité et le négativisme de ma génitrice, de mon ainée, aussi, ont tué dans l’œuf ma velléité de combattre, de lutter pour forcer le respect et mériter l’estime. Elles ont façonné en moi, au fil des méprises, une adulte molle, une poupée à l’effigie, sans personnalité. Ce roman c’est moi, c’est toi, c’est nous, c’est vous ; c’est la mère, la sœur, la tante, la cousine, la voisine, le médecin, la femme de ménage, la secrétaire, la vendeuse,…Bref, en somme, c’est la femme algérienne, pas uniquement de la grande ville, mais également et surtout, celle terrée, dans la compagne, cloîtrée dans les douars et villages, cette femme vilipendée et méprisée, tassée, tuée à la dose homéopathique, en silence, depuis la nuit des temps, par son homme, le mâle dominant, et pourtant, combative et déterminée. J’en dirai pas plus.”